Fabrice Raspati Auteur

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L'amour est un appel d'air / Chapitre 2

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Je crois que je suis resté assis pendant une semaine entière ! Et puis je les ai croisés ensemble. La belle et la bête ! Elle, ses bras enserrant ses hanches, ses merveilleuses mains de fée lubrique posées sur le gras de Louis, qui débordait de son ceinturon.

 

Ils marchaient le long des remparts, devant le bastion Saint André. Il lui montrait les montagnes du Mercantour qui se détachaient au lointain. On aurait dit un noble vantant ses possessions. C'était ridicule !

 

Je devais être à dix mètres d’eux lorsqu’il m'apercut. Il se mit à courir vers moi en hurlant. Ce fut une charge brutale, inégale, injuste, un gorille gigantesque fondant sur une antilope. Je connaissais sa force phénoménale !

 

Je ne cherchais à entamer une discussion, ni même à comprendre le sens de ses invectives, je battis en retraite comme n’importe quelle antilope l’aurait fait.

 

Je m’arrêtais un peu avant la plage de la Gravette et le vis , devant la porte de la Marine, les jambes pliées, les mains sur les genoux, un filet de bave pendouillant à ses lèvres.

 

Il eut encore la force de brandir un poing vers moi et de hurler un « Enculé !! » que l’écho transforma en un vague «  …’culé ». Il pénétra dans une cabine téléphonique. Mon portable sonna.

 

Il débuta par des excuses, plates et hypocrites, poursuivit par des explications, vaseuses et alambiquées et termina son monologue par une très prévisible remontée bileuse :

 

« Si tu tourne autour de MA GONZESSE je t'étrangle d'un seul doigt !! »

« Louis, elle était avec moi avant… »

 

Le son d’après vint en stéréo, une moitié dans mon oreille et une autre portée par l’écho. Il écrasa le combiné contre la vitre de la cabine en vociférant. Des coups puissants, des coups du fond du corps !

 

Je voyais la cabine vaciller, j’imaginais Louis, ses vêtements trempés, au bord de la rupture, je percevais des « …’culés ! » dans le lointain.

 

La vitre explosa, le verre gicla comme une grenade et Louis sortit chancelant, l’avant-bras ensanglanté.

 

C'était la dernière cabine de la Ville, une espèce de vestige historique oubliée par l'entreprise chargée du démantèlement du réseau !

 

Je revins prudemment sur mes pas en suivant des yeux une mouette immense dont l'ombre inondait les murs ocres. Louis avait vidé les lieux, les fils du téléphone pendaient, dénudés, il avait réussi à arracher le combiné qui trônait au milieu des éclats de verre.

 

 

A suivre...



11/04/2024
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