Fabrice Raspati Auteur

Bien campé sur ses deux jambes Douglas est prêt à plonger.

C’est une journée normale à Manaus. 35 degrés, atmosphère lourde, poussiéreuse. Plus bas on aperçoit le fleuve, incandescent de lumière.

Douglas sourit, de son grand sourire éclatant de brasileño. Elle, elle le toise. Énorme fille sans gène, elle roule des hanches et montre ses fesses prêtes à éclater son jean serré. Douglas la perd de vue dans la grande rue qui descend du théâtre de Manaus vers le port.

Alors Douglas plonge. Droit dans la ville. Dans la ville déjà surchauffée. Au milieu des vendeurs de tout partout. Eau, glace, jeux d’enfants des années 90, jus de fruits,bijoux,câbles de téléphone,lampes solaires portatives, brochettes fumantes proposées tous les cinquante mètres sur des chariots roulants,stands de petits pains fourrés de viande,fromage,sardine,gueules de magasins ouvertes collées les unes aux autres !!!

Et tout ce monde, greffé sur des trottoirs cassés et chaotiques, tout ce monde qui vit, gueule, harangue pour trouver sa place et attraper son sou. On ne peut s’extraire de cette huile bouillante que tout en bas, quand le boulevard s’élargit enfin sur un parc et une église avant de tomber dans le fleuve. Avant c’est un flux furieux qui interdit de ralentir. Douglas aime ce grand bazar. Les voitures roulent vite et slaloment entre les rares personnes qui tentent de sortir des trottoirs hors des passages cloutés. Devant les magasins les vendeurs braillent dans des micros et le son de leurs hurlements publicitaires se mélange à celui des voisins et à la musique bas de gamme qui troue les enceintes un peu partout.

Douglas transperce la foule en expert, le soleil aveugle ses yeux. Il est heureux.